Notre société toute entière est à un tel point corrompue que les relations, qu’elles soient hiérarchiques, commerciales ou intercommunautaires sont devenues pour la plupart artificielles et régies par les seules règles dominant le monde : la pouvoir, le pognon et le cul.
On
le voit sur le plan local, régional mais aussi national et international.
Les
valeurs humaines ont fait place aux magouilles et aux retours d’ascenseurs,
transformant l’ensemble des liens entre humains en une gigantesque maffia.
Autrefois,
les gardiens de la paix faisaient leur job et n’avaient pas besoin d’être à
toutes occasions félicités, mis en avant dans les actualités, ou faire l’objet
de séries TV comme les programmes nous l’imposent aujourd’hui quotidiennement.
C’est
la même chose pour les pompiers et d’autres corps dont le métier est d’intervenir
dans des évènements ponctuels.
De
nombreuses professions sont au moins autant méritantes sans qu’on en parle à
longueur d’actualités.
Depuis
que certains corps ont exercé des chantages sur le pouvoir politique ou
institutionnel, leurs ministres de tutelle n’ont de cesse de passer de la pommade,
rendre des visites tapageuses à grand renforts de reporters et il est devenu
fréquent que l’ensemble des chaînes « dites d’infos en continu »
diffusent les mêmes images aux mêmes moments !
Sur
le plan local, on observe les mêmes phénomènes de démesures dans les canards
locaux : les éloges d’élus ou d’entreprises locales vont bon train, comme
si leurs journaleux étaient payés pour insérer de telles lignes, les encarts de
pub ne suffisant plus pour financer leurs pages…
Notre
société est bien gangrénée et nos valeurs les plus basiques se sont misérablement
étiolées.
On
le constate aussi dans les comportements au volant, sur les stades ou les
associations dites sportives, sur les réseaux sociaux ainsi qu’au travers de
tous les procédés sensés relier les hommes.
Pour
résumer synthétiquement ce que nous avons perdu, je ne peux m’empêcher de lire
et relire cette page que j’avais consacrée aux relations hiérarchiques dans un
dojo traditionnel d’aïkido.
Je l’avais rédigée en m’inspirant d’écrits de référence, émanant notamment de
Me Tamura.
Il
existe bien entendu de nombreux autres textes de valeurs dont nous avons perdu
le sens et qui valorisent l’Homme plutôt que de glorifier ses déchéances comme
on le constate tristement aujourd’hui.
On
peut se demander pourquoi se référer à un système traditionnel japonais alors
qu’on est occidental et que notre organisation sociétale a apparemment peu de
points communs.
Ce
sont pourtant les fonctionnements les plus basiques qui font aujourd’hui défaut
parce qu’une poignée de puissants ont réussi à imposer leurs intérêts personnels
à l’ensemble de l’humanité (espérons que ce ne soit que temporairement).
Texte dont je fais référence ci-dessus :
"Sempaï, kohaï, dohaï
Relations hiérarchiques dans un dojo
Avant propos.
Ces termes utilisés dans notre Dojo sont liés à notre approche traditionnelle de la discipline qui se différencie - en cela aussi - de la plupart des "clubs" franco-français.
Dans la
société japonaise dans son ensemble, l’élève ou le salarié plus ancien est le
sampai, qui joue un rôle de tuteur pour le kohai, tandis que des personnes de
même ancienneté sont dohai. Dans le cadre des arts martiaux comme dans les
entreprises ou les administrations, les sampai assurent la formation des
nouveaux arrivants, les forment aux us et coutumes locales, leur expliquent le
fonctionnement interne de leur structure.
Dans la culture japonaise, le sampai est l'élève avancé et le kohai est le jeune élève. Le sampai a un rôle de tuteur auprès du kohai, et il a un rôle de relais de l'enseignement du sensei, le professeur ; en retour, le kohai doit le respect au sampai. Deux élèves de même ancienneté, quant à eux, sont mutuellement dohai.
Ce système hiérarchique est profondément ancré dans la société japonaise. Il s'applique à tous les niveaux de la société.
Dans les arts martiaux, l'élève ancien est là pour guider le nouvel élève. La notion de sampai et de kohai dépend exclusivement de l'ancienneté de l'élève dans l'art, pas de l'âge ni du grade.
Dans le
cadre de l’aikido traditionnel, la relation entre sampai et kohai peut être
définie ainsi : "Si l’esprit de gratitude d’un sampai envers un kohai
s’exprime par cette seule pensée « Merci, de m’avoir permis de bien travailler
aujourd’hui », le kohai sera heureux ; de même si le kohai remercie le sampai
de son enseignement, celui-ci sera content. Il est grotesque d’avoir à dire «
Respectez-moi car je suis votre sampai ».
Le respect envers le sampai ne doit pas être provoqué, le kohai doit tout naturellement avoir envie de respecter le sampai. Ce dernier lui, prend soin du kohai car le kohai occupe la place qui est la sienne et mérite par là que l’on s’occupe de lui." (Me Tamura)
Celui-ci
ajoute que la nature du travail avec un partenaire dépend du statut relatif du
partenaire avec lequel on travaille. Ainsi, le rôle d’un sampai est de nous
permettre d’exprimer pleinement notre technique, éventuellement de nous montrer
par où notre technique pêche et de nous permettre de l’améliorer.
Du point de
vue du sampai, il s’agit de traverser une corde raide entre la complaisance et
l’obstruction.
Le travail
avec un dohai est l’occasion de prendre la mesure de notre technique et de
travailler les deux rôles de l’aïte (tori et uke) à plein régime technique et
physique.
Enfin, le
travail avec un kohai oblige à revenir sur notre propre pratique afin de mieux
l’expliquer et oblige également à mettre dans le travail d’uke la souplesse et
la fluidité qui manquent souvent aux débutants.
Nous disions plus haut que le statut de sampai ou de kohai était lié à l’ancienneté. On voit dans la description que nous en donnons que cela n’est pas totalement vrai pour l’aikido car il y a également une dimension technique. Ainsi, il peut se produire que des pratiquants plus récents, du fait d’une pratique plus intensive, acquièrent une compétence technique supérieure à des pratiquants plus anciens. Il faut alors trouver dans le dojo un modus vivendi pas toujours évident qui fasse sa place à la fois à l’expérience des plus anciens auxquels l’expérience confère plus de recul et une vision souvent plus large, et à la qualité technique des plus jeunes. C’est là une des fonctions les plus délicates de l’enseignant."